Saleté à Paris : l’interview vérité

Jean-Sébastien Baschet est le président de l’association « Les amis du Champ-de-Mars » fondée dans les années 90. Il se bat avec volontarisme pour améliorer la situation du site qu’il aime tant.

Crédit photo : Sputnik/ Natalia Seliverstova

Dans quel état se trouve le Champs-de-Mars ?

Sur le champ de mars, il s’agit d’un problème de gestion qui ne concerne pas que la saleté. La saleté sur ce site est catastrophique alors qu’on parle de l’un des sites les plus touristiques de Paris : il y a plus de 21 millions de touristes qui s’y rende par an. On parle tout de même de la vitrine de Paris et de la France. Malheureusement, l’état du Champ de Mars dépasse la problématique de la propreté c’est bien une problématique de gestion. Contrairement aux Jardin du Luxembourg ou au Jardin des Tuileries où il y a un conservateur, le Champ de Mars n’en a pas. Il n’y a pas de pilote dans l’avion, ce qui fait qu’il n’est pas entretenu comme il devrait l’être. Alors  orcément, le site se dégrade jour après jour. Le vrai soucis, c’est l’organisation administrative du ramassage des ordures. C’est-à-dire que la gestion est faite en fonction des impératifs de l’administration et non pas en fonction de la fréquentation du site. Par exemple, le nettoyage s’arrête le vendredi et ne reprend que le lundi. Or, il faudrait a minima un nettoyage le weekend étant donné qu’il s’agit des deux jours les plus côtoyés par les visiteurs. Il faudrait organiser des rotations de ramassage des ordures et avoir la présence d’un des agents de la propreté. Donc là, on voit bien la gestion administrative « bête et méchante » du site.

Quels déchets posent le plus de problèmes ?

Le problème de la saleté du Champ de Mars, c’est les poubelles qui débordent. C’est la raison pour laquelle la mairie de Paris a mis en place d’énormes conteneurs. Ce n’est pas très esthétique mais au moins, les poubelles ne débordent plus pendant le week-end. Avant, malgré les très nombreuses poubelles installées sur le site (il y en avait une tous les 40 mètres), les déchets débordaient et se  etrouvaient dispersé sur tout le parc au gré du vent. On peut donc noter un petit progrès, les déchets restent au moins dans les bacs. Néanmoins, le nécessaire n’a pas été fait dans les allées transversales. Le deuxième problème, c’est que les poubelles remplies attirent
énormément d’oiseaux. Ils viennent pour grignoter dedans et sortent tous les déchets. C’est la qu’interviennent ensuite les rats. C’est devenu une sorte de garde-manger de ces animaux. Aujourd’hui, il y a un réel problème à ce niveau là. C’est une problématique de voir des rats sur le site. D’abord une problématique de santé, car il y a un jardin d’enfants. Les plus petits jouent dans les bacs à sable où se promènent les rats. Il y a un risque épidémiologie évident. Il y a notamment des médecins de l’association qui ont tiré la sonnette d’alarme car il peut y avoir transmission dans cette situation de maladies extrêmement graves. Il y a une problématique sanitaire évidente, mais il y a également un enjeu d’image. Quand on regarde sur des images du Champ de Mars sur Twitter ou sur les réseaux sociaux, on voit régulièrement la présence des rats. Pour l’image de Paris et de la France, c’est complètement dégradant.

Quelles solutions préconisez-vous pour gérer cette situation à court et long terme ?

Tout simplement d’organiser les rotations et la mobilisation du planning de propreté en fonction de l’importance de l’influence des touristes. A Euro Disney, on ne voit pas des poubelles déborder, ni de déchets qui se baladent au gré du vent. C’est donc la preuve que les sites à grande fréquentation peuvent être propres. Encore faut il d’une part, gérer le site, et d’autre part, se donner les moyens de le gérer. Effectivement, la responsabilité de la mairie de Paris et d’Anne Hidalgo sur ce sujet aujourd’hui est absolument criante.

Propos recueillis par Louis Lecomte

 

Crédit photo de couverture : DR

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