Rencontre avec Paul Charruau, un champion du monde sur la touche

En juin dernier, il mettait un terme à son contrat qui le liait au Sporting Club de Bastia. Depuis, Paul Charruau, ancien grand espoir français au poste de gardien de but, est un joueur sans club. Il s’est confié sur sa traversée du désert, pour Agora District.

Photo : Twitter

Juillet 2013, Istanbul (Turquie). L’équipe de France de football U20 est sacrée championne du monde, aux termes d’une séance de tirs au but parfaitement gérée face à l’Uruguay (0-0, 4tab1). Aréola, Pogba, Zouma, Digne, Thauvin… Cinq ans plus tard, beaucoup des jeunes joueurs présents dans l’équipe victorieuse ont confirmé les promesses entrevues à l’époque et évoluent dans de grandes écuries européennes. Paul Charruau était lui aussi de la fabuleuse épopée turque. Troisième gardien, il a intégré le groupe quelques semaines avant la compétition.

« Je suis convoqué lors de l’avant-dernier rassemblement avant la Coupe du monde. On m’explique très vite qu’Alphonse (Aréola, ndlr) sera numéro un, mais que le staff a besoin d’un numéro deux ou trois qui tienne la route et qui puisse accompagner l’équipe ».

Lui, pourtant, n’a pas le parcours qu’ont eu certains depuis. À désormais 24 ans, il est un joueur libre de tout contrat.

Ascension stoppée net

Paul Charruau commence le football dans l’équipe de sa ville, à l’US Ville d’Avray (Hauts-de-Seine). Gardien déjà ? Pas tout à fait.

« J’ai commencé attaquant, parce que comme tout le monde, petit, je voulais marquer des buts. Un jour, il n’y avait pas de gardien. On m’y colle de force, et ce jour là, j’ai vraiment aimé les sensations. Depuis je n’ai plus jamais lâché ce poste ». 

Puis l’AC Boulogne-Billancourt, l’INF Clairefontaine, et le centre de formation du Valenciennes Football Club. Tout s’enchaine vite pour Paul, qui suit le parcours rêvé pour tout adolescent qui rêve de faire du football son métier. « J’ai toujours pris le football comme un jeu, tout en ayant l’objectif de devenir pro. Depuis tout jeune, j’ai toujours rêvé de l’être ».

Peu à peu, le natif de la région parisienne s’impose dans le Nord. En 2013, il fait ses premiers pas dans le monde professionnel, en deuxième division. D’abord cantonné à un poste de numéro deux, qu’il accepte, son manque de temps de jeu finit par le faire perdre patience. A l’été 2016, le Sporting Club de Bastia, alors pensionnaire de Ligue 1, tape à sa porte. Numéro deux, toujours, mais à l’échelon supérieur cette fois-ci. Si en Corse, l’aventure tourne court (une seule rencontre disputée en six mois), Paul Charruau ne regrette rien. « Je ne crois pas que mon aventure à Bastia ait été un échec. Toute expérience est bonne à prendre. On grandit par rapport à ça, il y a des enseignements à tirer sur cette période ».

Ex-espoir cherche club

Depuis la rupture de son contrat avec Bastia, en juin dernier, un an avant son expiration, Paul Charruau est sans club. De retour à Paris, là où il a grandit, il s’entraine quotidiennement pour garder la forme. « Je m’entraine avec l’AC Boulogne-Billancourt, et à coté, je me suis inscrit dans une salle de sport où je suis un programme quotidien ». Oui mais en parallèle, Paul est contraint, comme toute personne sans emploi, de « pointer » chez Pôle Emploi. « Aujourd’hui je suis au chômage. Les sportifs de haut niveau sont sous le même régime : nous cotisons le même pourcentage, nous payons nos impôts comme les autres ». Même si il a suivi un cursus de management sportif durant ses années valenciennoises, le jeune homme garde pour seul objectif le ballon rond.

« Le vestiaire, les coéquipiers, la compétition, le stress, tout cela me manque. C’est compliqué au quotidien. Rapidement, on se rend compte que l’on n’est pas obligés de se lever le matin pour aller à la salle. Le plus dur : ne pas tomber dans le piège qu’est la flemme ».

Paul Charruau, en compagnie de son ami et ex-coéquipier Alphonse Aréola (PSG). Photo : Instagram

Paul Charruau semble lucide, à la fois sur les erreurs qu’il a pu commettre pour arriver dans pareille  situation, et sur la précarité qui peut parfois toucher les footballeurs. Loin de l’univers rêvé par beaucoup, loin des Neymar, Cavani, M’Bappé, beaucoup de joueurs issus de centres de formations sont aujourd’hui sans travail. Des parcours tous différents, parfois freinés par des blessures, par des choix de carrières peu réfléchis, ou simplement par manque de réussite. Mais parmi eux, rares sont ceux qui ont un jour pensé à jeter l’éponge. Paul n’abandonnera pas, quitte à repartir à l’échelon inférieur. Parce que plus qu’un rêve, le football, c’est simplement sa vie.

 

Jérémie Richalet

 

Crédit photo de couverture : DR

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