Il était un professeur de mathématiques de 31 ans, et elle une lycéenne de 14 ans, et pourtant, pendant des mois, ils ont vécu une « romance ». Le procès de l’homme pour « atteinte sexuelle sur mineur » et « corruption de mineur » s’est tenu hier et a abouti sur une peine de 18 mois de sursis et un abandon des charges pour « corruption de mineur ». Un procès qui arrive en plein débat sur l’âge légal de consentement sexuel.

C’est dénoncé à la famille de l’élève de 14 ans par un ami de classe que le professeur s’est retrouvé aux mains de la police. Les témoignages du procès et les informations découvertes sur les ordinateurs et téléphones du « couple » démontrent que pendant des mois la jeune fille est tombée sous le charme de son professeur. Une « idylle » qui a donné lieu à des rapports sexuels, on a notamment découvert de multiples photos nues de la jeune fille envoyés par ses soins à son professeur.
« Je suis amoureuse, vous ne pouvez pas comprendre » expliquait la jeune fille à sa mère.
Si elle avait l’air éperdument éprise de l’homme de 17 ans son ainé, son discours à quelques peu changé hier lors du procès. Elle a parlé de son sentiment d’avoir été manipulé et d’avoir « réalisé de beaucoup de choses sur cette relation », « Il m’a salie par réputation » a-t-elle déclaré.
De son côté le professeur de mathématiques a plaidé la sincérité de ses sentiments et le fait d’avoir perdu le contrôle de la situation.
« J’ai complètement dérapé » a-t-il répété au tribunal.
La Procureure a insisté sur le fait qu’une relation prof-mineur est strictement interdite et a dénoncé le fait qu’il n’avait pas à profiter de sa position de supériorité et de son influence. Elle a rappelé les fragilités de l’adolescente avant de requérir cinq ans d’emprisonnement dont 2 ans fermes. Le verdict donnera finalement lieu à 18 mois de prison avec sursis assortis d’une mise à l’épreuve de deux ans, d’une obligation de soins et d’une interdiction de travailler au contact des mineurs.
Peut-on avoir un rapport sexuel consenti avec un majeur à moins de 15 ans ?
Le verdict de ce procès peut paraître pour certains peu sévère, surtout en période de discussions sur la création d’un âge limite de consentement sexuel. Une loi portée par la secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, qui souhaite que tout rapport sexuel avec un mineur de moins de 15 ans soit considéré comme un viol.
« En dessous d’un certain âge, on considérerait qu’il ne peut pas y avoir débat, jamais, sur le consentement sexuel d’un enfant, et que tout enfant en dessous d’un certain âge serait d’office considéré comme violé ou agressé sexuellement. » annoncait-elle au micro de BFMTV.
Le « certain âge » : c’est principalement ce qui fait débat au Parlement. Marlène Schiappa notamment soutenue par Emmanuel Macron insiste sur le fait qu’il est nécessaire qu’il soit fixé à 15 ans. Une telle loi en vigueur aurait probablement modifié l’issue du verdict du procès pour le professeur de mathématiques.
« On ne doit plus en France pouvoir débattre du consentement d’enfants qui ont moins de 15 ans, » affirme Marlène Schiappa, secrétaire d’Etat chargée de l’Egalité entre les femmes et les hommes. « C’est de la pédo-criminalité » #8h30Politique pic.twitter.com/SegiBYE7RT
— franceinfo (@franceinfo) 28 novembre 2017
Ludovic Heinry
Crédit photo à la Une : Damien Meyer / AFP