Ces dernières semaines, le ton est monté d’un cran entre les Etats-Unis et la Corée du Nord, qui s’est dit prête à « rayer » ses ennemis de la carte en cas de déclenchement d’un conflit. Mais au-delà des démonstrations de force, Pyongyang dispose-t-elle vraiment des moyens de mener une guerre de grande ampleur ? Pas si sûr.
Les tensions entre le régime nord-coréen et les Etats-unis ont atteint ces derniers jours un niveau inédit. Alors que Washington a décidé de poster l’un des ses sous-marins nucléaires en Corée du Sud et qu’un porte-avions devrait le rejoindre en fin de semaine, Pyongyang a averti qu’elle était prête à mener une « guerre totale » contre ses opposants. S’estimant même en mesure de les « rayer de la carte » . Loin de céder à la pression des Etats-Unis, la Corée du Nord a d’ailleurs profité de l’occasion du 25 avril, qui marque la célébration de la naissance de son armée, pour mener de nouveaux exercices de tirs de missiles. Un épisode qui rappelle la démonstration de force qui a eu lieu il y a dix jours, quand Pyongyang a présenté un nouveau modèle de missiles intercontinentaux, capables, selon, le régime, d’atteindre les Etats-Unis. Mais l‘échec d’une tentative de tir le jour suivant est venu rappeler les incertitudes qui planent sur la puissance militaire réelle de la Corée du Nord.

Des moyens techniques limités
Sur la bataille des chiffres, la Corée du Nord n’a à priori pas à rougir sur l’échiquier militaire mondiale. Avec une armée capable de mobiliser quelques 9 millions d’hommes (lien en anglais), dont 1,2 million de professionnels, le régime de Kim Jong-un dispose même de la plus grosse réserve mondiale, loin devant les Etats-Unis dont les effectifs sont estimés à environ 2 millions de soldats. Des données qui doivent cependant être relativisées, comme le rappelait en 2015 l’Institut international pour les études stratégiques (IISS) (lien en anglais). Le think tank estimait alors que Pyongyang ne serait pas en mesure d’armer la totalité de ses hommes en cas de mobilisation massive. Il notait par ailleurs la vieillesse du matériel nord-coréen, dont beaucoup de pièces seraient aujourd’hui dépassées.
Une analyse partagée par de nombreux experts, dont les réserves portent sur l’ensemble des équipements du pays. Là encore, si la Corée du Nord peut se targuer de disposer d’une flotte impressionnante, composée de quelque 1600 aéronefs, près de 500 navires ou encore 5000 blindés, celle-ci souffre d’un cruel manque de modernité. Du matériel de confection soviétique ou chinoise, qui date généralement des années 60 et qui serait aujourd’hui vétuste, comme le confirme le directeur de l’IISS à RFI : « On ne jette rien, quitte à accumuler des quantités inouïes de matériels totalement obsolètes. »

L’inconnue : la puissance de feu nucléaire
Mais si la Corée du Nord a tant fait l’objet de l’attention du reste du monde ces dernières années, c’est avant tout à cause de son programme nucléaire. Depuis 2009, Pyongyang s’est armé de la bombe atomique et a depuis mené cinq essais, largement relayés dans la presse étrangère. Elle a ainsi rejoint le club très fermé des pays détenteurs du feu nucléaire même si là encore, l’incertitude plane sur la puissance de ses armes atomiques, leur nombre, ainsi que sa capacité à les déployer. La Corée du Nord ne disposerait ainsi pas aujourd’hui de lanceurs en mesure d’effectuer un tir de missile nucléaire. Des hypothèses qui n’empêchent pas la communauté internationale de garder les yeux rivés en permanence sur le pays et de s’alarmer à chaque nouvel essai.
Max Morgene
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